Le XVIIe siècle



RAFFINEMENT ET SUBTILITÉ: L’ÉCOLE FRANÇAISE

En ce début de XVIIe siècle, c’est particulièrement en France que le luth va trouver sa terre d’élection et ses maîtres servir de modèle à toute l’Europe. La bonne éducation ne se conçoit plus sans l’apprentissage du luth et l’on va même jusqu’à intriguer pour s’assurer les leçons d’un luthiste en renom, les virtuoses cachent jalousement les subtilités de leur technique et plus particulièrement de l’ornementation, la tablature demeurant lettre ésotérique pour le non-initié. Jean-Baptiste Besard nous dit à propos des ornements: “imitez ceux qui les font bien”. Les titres des recueils publiés alors sont d’ailleurs assez significatifs :

Le Trésor d’Orphée d’Anthoine Francisque (1600).

Le Thesaurus Harmonicus de Jean-Baptiste Besard (1603).

Le Secret des Muses du flamand Nicolas Vallet (1618).


C’est la période d’épanouissement de l’air de cour, à l’expression de plus en plus précieuse et raffinée. La poésie des textes est surtout sentimentale. La ligne du chant est de plus en plus indépendante et s’enrichit de “doubles” finement ornementés, le luth restant cette fois au second plan.
Des dialogues apparaissent qui vont annoncer le Ballet de cour où vont alterner des intermèdes dansés et des airs accompagnés au luth, puis plus tard au théorbe, variété de luth avec un allongement du manche, permettant un registre supplémentaire de cordes graves (environ une octave), mieux adapté à l’accompagnement. Dans le Ballet de la Délivrance de Renaud, on trouvait deux orchestres comprenant jusqu’à vingt huit violes de gambe et quatorze luths !
Le ballet de cour communique au luth un nouvel état d’esprit, sa musique devient plus théâtrale, plus démonstrative.
En tête de cet art nouveau viennent Ennemond Gaultier, dit le Vieux Gaultier, qui va enseigner le luth à toute la cour, de Marie de Medicis au Cardinal de Richelieu, mais se refusera à éditer la moindre de ses œuvres. Il est suivi par une génération de joueurs de luth particulièrement brillants comme François Dufaut, les Dubut, Denis Gaultier, les Gallot et enfin Charles Mouton. La musique de luth s’est faite alors pure évocation et les pièces témoignent, ne serait-ce que par leurs titres, d’un art profondément raffiné :

L’amant malheureux de JacquesGallot,

La pluye d’Or de Dubut,

Le dialogue des Graces sur Iris de CharlesMouton…