Oublié dès les premières années du XVIIIe siècle, le luth poursuivra malgré tout son histoire dans les pays de langue allemande, malheureusement il n’aura plus le rôle de premier plan qu’il avait pu avoir en France en Angleterre et surtout en Italie sur le plan de la création musicale. Désormais le luth est l’instrument des “Galenterien” et s’il a toujours des virtuoses, sa musique n’a plus l’originalité qu’avaient su lui donner les maîtres des époques antérieures. Sylvius Leopold Weiss écrit de nombreuses “suites” pour un luth monté de 13 chœurs de cordes, son style est virtuose et souvent adroit, évoque fortement la musique de Johann-SebastianBach, quand au cantor de Leipzig lui-même, en dehors d’un aria de la Passion selon Saint-Jean, qui comporte une partie de luth obligé, il ne semble pas s’être vraiment intéressé à cet instrument, laissant le soin à ses proches ou à ses élèves d’adapter certaines de ses œuvres ou même d’en écrire, comme ces concertos pour luth et cordes de Johann Ludwig Krebs.

Contemporains de Joseph Haydn, Johannes Kroffganss, Joachim-Bernhard Hagen, Adam Falckenhagen et Karl Kohaut représentent ce qui pourrait faire figure d’ « école viennoise ». Dans un style galant jusque-là inconnu au luth, ces derniers luthistes pousseront aussi loin que possible la technique de leur instrument et nous laisseront un abondant répertoire de pièces de virtuosité ainsi que de musique chambre pour luth et cordes ( sonates, divertimenti et concertos).

Ainsi, après l’Italie, l’Angleterre et la France, l’Allemagne délaissera à son tour le luth et sans vouloir fournir de raisons vraiment précises à cette disparition, nous nous contenterons de constater que les conditions sociales de la musique avaient profondément changé et que le goût du public allait vers d’autres horizons. Deux siècles d’oubli séparent un des derniers luthistes, Christian Scheidler, qui variait sur son luth le Champagnerlied du Don Juan de Mozart, de ceux qui maintenant font revivre ce noble instrument.